VIETNAM (versus) GAZA ? L’HISTOIRE N’EST PAS UN ÉTERNEL RECOMMENCEMENT par Sylvain Desmille©.


Manifestation contre la guerre du Vietnam, 1970. 


Manifestation pro-palestinienne sur le campus de Columbia, 2024. Getty.


Il y a cinquante ans les mouvements dénonçant l’intervention armée américaine au Vietnam avaient soulevé les universités américaines. D’abord assez réduits aux mouvements estudiantins de gauche, pro-communistes, ils n’avaient cessé de prendre de l’ampleur au fur et à mesure que s’intensifiaient les combats et la répression sur le front vietnamien.  A partir de 1967, la fin de l’exemption de la conscription pour les étudiants liée à l’envoie de plus en plus massif de troupes, l’enlisement du conflit surtout après l’offensive du Têt de février 1968  et l’émotion suscitée par les  photographies des atrocités commises au nom « de la défense de la liberté » font basculer l’opinion public contre la guerre au Vietnam. Les étudiants sont le fer de lance de cette opposition. Les intellectuels puis les artistes soutiennent et accompagnent leur rébellion. En avril 1968, plus d’un milliers d’étudiants bloquent et occupent l’université new-yorkaise de Columbia pour manifester leur opposition à la guerre du Vietnam. Les images de leur insurrection deviennent des symboles pour tous les mouvements anti-guerre qui se mobilisent partout dans le monde, et notamment en Europe1.  A la rencontre  (mais pas à l’intersection) des mouvements pacifistes, anti-impérialistes et de ceux idéologiquement pro-communistes, la Guerre du Vietnam cristallise la volonté d’une jeunesse internationale désireuse de changer de monde en changeant le monde. 


Jusqu’à ce mois d’avril 2024 jamais l’Université de Columbia n’avait connu une telle agitation depuis les fameux rassemblements contre la guerre du Vietnam. Environ 200 étudiant.e.s pro-palestiniens ont planté leur tentes sur la place centrale du campus pour protester contre l’intervention armée israélienne à Gaza, les destructions systématiques des infrastructures et la mise en danger-de-mort de l’ensemble des populations civiles - ce qui est un fait attesté, une réalité et une vérité absolue. En l’espace de quelques semaines, ce sont plus de 150 campus universitaires américains, mais aussi  canadiens, français, anglais, australiens qui se mobilisèrent contre la réplique israélienne dans la bande de Gaza. Cette internationalisation rappelle la mobilisation contre la guerre du Vietnam voilà soixante ans.


Les mouvements anti-guerre des années 1960-1970 ont été évoqués à titre de références dans les commentaires relatifs aux mouvements estudiantins pro-palestiniens de 2024 - un peu comme les médias français rappellent les heures glorieuses de Mai 1968 à chaque nouvelle manifestation étudiante et lycéenne. Au delà de la citation, il importe d’analyser cette comparaison, quitte à se rendre compte que l’histoire à l’aune de sa perception (et de sa conception) contemporaine est parfois une redite, un plagiat, un remix ou un remake mais non comme un éternel recommencement. 


A l’instar de la mobilisation pro-palestinienne actuelle, les mouvements anti-guerre des années 1960-1970 visaient en premier lieu à ralentir, suspendre et arrêter les massacres à l’encontre de civils considérés de facto comme innocents. L’analyse historique a montré qu’au Vietnam les populations civiles ont bien été plus que des victimes collatérales voire qu’il y avait une volonté réelle de s’en prendre à elle, comme le démontre le massacre de My Lai du 16 mars 1968 et qui rappelle par certains côté le pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre 2024 - sauf que le massacre de My LaI est un crime de guerre contre des civils supposés soutenir le Viêt-cong alors que le massacre du 7 octobre applique une idéologie intentionnellement génocidaire. La politique terroriste américaine répondait à la terreur imposée aux Vietnamiens par les troupes du Viêt-cong. Une très grande majorité des populations civiles vietnamiennes prit le parti des indépendantistes communistes contre celui des envahisseurs américains perçus comme des néo-colonialistes ( à cause - en référence - à l’occupation française, même si du côté de la Maison-Blanche, il s’agit d’un quiproquo). 


Si la population palestinienne s’était d’emblée désolidarisée du Hamas, si les Israéliens et les Américains avaient tenté de jouer la carte des mouvements palestiniens plus démocratiques, peut-être que la négociation diplomatique et politique aurait éviter la stratégie de la destruction menée à Gaza. Peut-être. 


Pourtant, un mouvement anti-Hamas, nourri par le mécontentement des populations civiles, malgré l’endoctrinement fanatique des plus jeunes, était en train de se reconstituer et de se développer avant les massacres du 7 octobre.  On peut se demander si les attaques terroristes n’ont pas été menés aussi pour ruiner toutes les manifestations d’oppositions internes en forçant la radicalisation du mouvement. Les mises en scène des prisonniers palestiniens libérés par Israël dans le cadre des échanges avec les otages détenus par le Hamas témoignent de cette volonté de manifester l’hégémonie politique du mouvement terroriste et la soumission des populations civiles à sa cause. La charte du Hamas de 1987 considérait les populations civiles comme des agents, des soldats devant défendre sa cause. En réalité, le Hamas ne s'est jamais soucié du sort des populations. Les dirigeants ne se trouvent pas à Gaza mais dans les luxueuses ré&sidences et hôtels du Qatar. De son côté, la Turquie a annoncé récemment qu'un millier des combattants du Hamas étaient soignés dans ses hôpitaux. Aucun civil e se trouvait parmi eux, car considéré par le Hamas comme "perte et profit". Les blessés civils sont contraints pour leur part d'être soignés dans des conditions sanitaires effroyables, les hôpitaux manquant de tout faute de ravitaillements autorisés par le commandement militaire  israélien (ce qui est un crime de guerre). En fait le Hamas considère les civils palestiniens comme des instruments. Ils les utilisent comme boucliers humains - au même titre que les otages israéliens. Leur douleur sert la cause des terroristes: ils la mettent en avant sur le plan médiatique, la mettent en scène dans leur propagande. Le décompte - invérifiable pour l'instant - des morts palestiniens ne sont à leurs yeux que des éléments de langage.  


Les instances communistes vietnamiennes avaient agi de même. Leur guerre psychologique  visait à amplifier les oppositions à la guerre aux États-Unis mêmes. Les généraux Vietminhs s'inspirèrent du stratège chinois  Sun Tzu : la guerre est l’art de la tromperie et donc, pour lui, la dimension psychologique est une partie intégrante, voire fondamentale, dans la conduite d’une guerre. Elle permit de diviser les opinions publiques américaines en faisant de la conquête des coeurs et des esprits le contre-champ de la guerre sur le terrain. En déplaçant le débat du point de vue politique et stratégique - objectif - vers un point de vue moral - humaniste - subjectif, elle permis de mettre l'accent sur le sort des civils vietnamiens victimes des Américains et donc d'occulter les actes commis par les combattants vietminhs et viet-congs à l'encontre des mêmes populations. 


Peace ans Love pendant la guerre du Vietnam. 
Une étudiant regarde une file de soldats de l’État du Texas lors de manifestations.pro-palestiniennes.


Du côté israélien, ni le premier ministre Benyamin Netanyahu  ni  son parti du Likoud, ni ses alliés de l’extrême droite radicale et ultra-religieuse n’ont cherché une autre solution que militaire. Le propre des extrémistes est de réduire  au maximum - à néant - toute possibilité de dialogue constructif, rationnel. Leur intention est de détruire l’Autre, que ce soit du côté du Hamas ou des extrémistes israéliens. Ce pourquoi Netanyahu n’a jamais laissé (voulu) s’exprimer les Palestiniens anti-Hamas. Ce pourquoi il s’est félicité des positions radicales tenues par La France Insoumise ou par les étudiants des universités américaines qui ont toujours cherché à mettre le Hamas en avant, à en faire la référence absolue - absolutiste - à l’écho de la propagande du Hamas - justifiant de facto la radicalité de Netanyahu et de ses alliés ainsi que leur fin de non recevoir à toute solution pacifique et diplomatique. Ni le Hamas ni Netanyahu et consort n’y avaient intérêt -, de manière égoïste, pour leur propre survie politique. En fait, le gouvernement israélien d’extrême droite a toujours eu à l’esprit de détruire la bande de Gaza, pour la rendre invivable aux populations et les forcer à quitter leur territoire. Il ne s’agit en aucun cas d’un génocide, sinon le massacre des populations palestiniennes auraient été systématique, ce qui n’a jamais été le cas. Il s’agit d’une politique de la terre détruite, équivalent moderne de la tactique dite de la terre brûlée. Elle se dédouble d’une politique d’occupation des colons israéliens dans les territoires palestiniens, et ce à l’encontre du droit international. Le but est là encore non pas de mener une politique génocidaire mais de provoquer un déplacement - un exode - massif des populations palestinienne. On est plus en présence d'une guerre de territoire, très classique, à l’écho de ce qui se passe en Ukraine ou en Arménie. Les trois marquent la fin des conflits de la Guerre froide, idéologique, comme la guerre du Vietnam. Elles témoignent des futures guerres du XXIe siècle.


A cet égard, on observe un tournant ou plutôt un retour en arrière. Lors de la Guerre du Vietnam, les politiques et les militaires américains étaient persuadés qu’ils règleraient leur compte aux communistes vietnamiens grâce à leur suprématie militaire, expression du nouvel Imperium depuis 1945 (arsenal atomique oblige). Plus de bombes ont été précipitées au Vietnam et Cambodge que pendant toute la Seconde guerre mondiale. Mais les Américains se sont trompés - comme les Français avant eux lors de la guerre d’Indochine et de la guerre d’Algérie. L’expression de la force n’a pas permis aux Américains de gagner au Vietnam. A cela s’ajoute aussi les divisions intestines au sein de l’opinion publique américaine: une majorité de citoyens a  d’abord soutenu les gouvernements démocrates de Kennedy et Johnson jusqu’en 1968, année du basculement, quand les opposants à la guerre du Vietnam ont pris le dessus. 


Ce n’est pas le cas désormais. Les guerres en Ukraine, Arménie et à Gaza ont montré que l’usage de la force - la capacité à détruire l’autre - est redevenu un facteur déterminant. De plus, on est passé dans une autre logique géopolitique. Les États-Unis et la Russie ne sont plus les référents mondiaux comme après 1945. Certes, ces deux États représentent encore des sphères d’influences, géopolitiques ou géopartisannes ( cf. la soumission de certains partis politiques européens au culte de la personnalité poutinienne - chevaux de Troie (ou traîtres)  au sein des démocratie occidentale2). Toutefois, les anciens pays satellites se sont dégagés de leur orbite géostationnaire. L’Union européenne envisage déjà un décrochement probable avec les Etats-Unis au cas où un Donald Trump serait élu en 2024, à son corps défendant. La Chine est devenue un acteur majeure qui redistribue à l’envie les cartes. 


Tout cela induit une crise des représentations. Le fait que les Etats dits arabes - ceux qui ont participé à la première guerre contre Israël en 1948 - ne soient pas intervenus après l’attaque par Tsahal de la bande de Gaza, le fait qu’ils aient laissé agir laissé faire témoignent d’un réel retournement de situation. Si l’attaque terroriste du 7 octobre fut sans doute préparée  avec sinon l’aide du moins le soutien de l’Iran - logistiquement et logiquement - peut-être sous le conseil d’une Russie qui avait besoin de faire diversion et de réduire les aides américaines versée à l'Ukraine en obligeant Washington de répondre à l’appel de son allié israélien… il est important de noter le faible soutien de l’Iran au Hamas depuis. Une seule attaque de drones contre Israël fut ordonnée par Téhéran… L’Égypte n’a pas envoyé ses chars secourir les Palestiniens - elle a plutôt veillé à fermer ses frontières.  Ni la Jordanie ni la Syrie déjà meurtrie par la guerre civile n’ont cherché à intervenir militairement. Les négociations de trêves se déroulent bien plus loin, au Quatar… 


Cette absence de soutien réel, militaire ( reste toujours un soutien de principe, théorique) témoigne d’une certaine fragilité du monde contemporain. La moindre crise majeure constitue en effet un facteur de dérèglement qui affecte tous les pays, selon la nouvelle théorie des dominos appliquée à l’espace mondialisé. Une nouvelle guerre israël-arabe risquerait d’entrainer une nouvelle crise pétrolière, énergétique, qui se répercutera sur les économies occidentales, donc sur la Chine qui les fournit… L’invasion russe en Ukraine  avait déjà eu pour conséquence une hausse rapide de l’inflation…C’est très différent de ce qui s’est passé au moment de la guerre du Vietnam. 


Les manifestations étudiantes pro-palestiniennes constitueraient-elles le principal soutien ? Leur importance médiatique - amplifiée par les réseaux dits sociaux - est considérable, même si elles ne mettent en scène qu’une minorité d’étudiants - 200 pour l’Université de Columbia. On est très, très loin loin de l’ampleur des mobilisations au moment de la guerre du Vietnam ! Celle-ci s’expliquait parce qu’avant les années 1970, un jeune devait attendre d’avoir 21 ans pour voter aux Etats-Unis (jusqu’en 1974 en France). La question palestinienne va-t-elle jouer un rôle dans l’élection présidentielle de 2024, comme ce fut le cas en 1968 qui vit l’arrivée au pouvoir de Richard Nixon ?  


Manifestation des étudiants américains contre la guerre du vietnam, toujours à visage découverts. 


Manifestation des étudiants pro-palestiniens devant Science po Paris, toujours masqués - comme les manifestants de l'Ultra-droite le 10 mai à Paris - certes leurs positions différent - s'opposent - mais tous ces mouvements adoptent la même posture, développent le même processus. Or c'est en changeant le processus qu'on fait une révolution, pas en remplaçant l'un par l'autre. .

Le Mur des Justes du mémorial de la Shoah à Paris vandalisé dans la nuit du 13 au 14 mai 2024. S'il s'agit d'une dégradation, - condamnable - on peut se demander s'il s'agit d'une profanation, car les empreintes de mains sont situées sous les noms, comme si les manifestants pro-palestiniens cherchaient à s'identifier aux Justes ou à établir une relation entre "Les justes" et eux. La grande majorité des soutiens estudiantins à Gaza n'est pas de confession musulmane, n'est pas arabe, n'est pas palestinienne. Comme à l'époque de la guerre du Vietnam - sauf que les jeunes hommes envoyés combattre les communistes étaient des américains. En fait on est ici dans la provocation, la propagande. Il serait plus grave de considérer ce détournement symbolique comme une ré-écriture de l'histoire effective. Pourtant telle est bien l'objectif visé par cette dégradation. Depuis le début de la mobilisation pour Gaza, on observe en effet une volonté de ré-écrire l'histoire, un peu comme au sein des mouvements complotistes, via les réseaux dit sociaux. C'est ça le plus dangereux. 

Le Hamas utilisent ces mobilisations et leur Image médiatique comme un élément de la guerre psychologique qu’il entend mener au sein des Etats occidentaux. Il n’y a eu aucune manifestation pro-palestinienne en Russie (allié de l’Iran lui même soutien du Hamas), ni en Chine, ni en Inde… Il est par ailleurs intéressant de noter que si les premières manifestions universitaires, dès le 7 octobre 2023, ont soutenu le Hamas, c’est moins âme cas aujourd’hui. Au lieu de célébrer les massacres perpétrés par le Hamas au nom de son idéologie génocidaire, les étudiants préfèrent lutter au nom des populations civiles palestiniennes victimes de l’expression de force de l’armée israélienne. Il s’agit d’une situation réelle et des enquêtes pour crimes de guerre devront être menées. La question est de savoir si ce changement vise à rassembler le plus grand nombre autour d’une cause juste ou si les organisations étudiantes n’instrumentalisent pas, de manière assez cynique et hypocrite, la détresse des populations palestiniennes non pour les défendre mais pour soutenir en réalité le Hamas, organisation terroriste à l’idéologie génocidaire. Leur « bienveillance » ne serait-elle qu’un leurre, un subterfuge. Le fait que des étudiants transforment les manifestations en happening anti-sionistes et antisémites, cherchent moins la paix via le dialogue et la négociation qu’à couper toutes formes de relations avec des universités israéliennes, voire défendent l’idée d’une destruction de l’Etat d’Israël serait-il un indice ? 


Les mouvements pro palestiniens des universités ont été associés à la gauche, extrême gauche ou ultra-gauche, surtout en France à cause du soutien apporté par le parti de La France Insoumise. Aux États-Unis, les manifestants se déclarent en majorité « démocrates » même s’ils condamnent la politique menée  au Proche-orient par le président Joe Biden - avec un risque de radicalisation ou un refus de voter pour ce dernier lors des prochaines élections. 


Dans les années 1964-1966, les étudiants à avoir été les premiers à se mobiliser étaient des militants politiques d’obédience marxiste ou communiste ou appartenaient à des mouvances contre-culturelles pacifiques et pacifistes proto-hippies. A partir de 1967, le mouvement intègre une dimension plus globale - moins axée sur une perspective idéologique marxiste ou maoïste, à la différence de ce qui se passe en France. La fin des exemptions de service militaire pour les étudiants les mobilise. Plus ils redoutent de partir su le front et plus ils haussent le ton. L’intérêt individuel prend des allures d’enjeux collectifs. La radicalisation idéologique des étudiants des années 1970 avait conduit certains d’entre-eux d’entrer dans la lutte armée en multipliant prise d’otages et attentats terroristes. 


La contestation des années 1960-70 reflète un ressenti individuel à l’écho d’un malaise plus général. Le mouvement gagne en popularité (en nombre) ce qu’il perd en perspicacité. Mais à terme, le basculement de l’opinion publique fut déterminant dans le processus politique d’un retrait américain du Vietnam.


A travers la critique de l’intervention américaine au Vietnam, tous les étudiants contestaient la politique étrangère impérialiste des États-Unis (en prenant soin pour certains d’omettre d’analyser celle de l’Union soviétique, par souci de cohérence mais pas d’honnêteté intellectuelles). La guerre du Vietnam révélait la barbarie colonialiste et la sauvagerie d’une puissance occidentale certaine de son bon droit en vertu de l’usage de la force comme valeur absolue. L’américano-centrisme ne tenait pas compte de la situation réelle vietnamienne ni des points de vue respectif des deux entités politiques (pas si) antagonistes. Cette contestation étudiante aux allures de dénonciation était légitime dans la mesure où les Etats-Unis intervenaient militairement - physiquement - au Vietnam. Les appelés du contingent étaient complices des crimes perpétrés au nom de la sécurité de la Nation américaine et au prétexte de la défense du monde libre.


Cette dimension personnelle est moins présentent chez les manifestants pro-palestiniens. Ils ne combattent pas pour sauver leur peau. Ils cherchent à faire pression sur leurs universités et sur les gouvernements afin que ceux-ci fassent à leur tour pression sur Israël. Cette revendication trouve ses racines dans le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS), actif depuis des dizaines d’années et qui  exige de rompre tout lien avec l’Etat israélien ainsi qu’avec les entreprises ayant des relations commerciale avec et en Israël. Mahmoud Khalil, leader de la contestation à Columbia, rappelle que les étudiants de l’université plaident en faveur du désinvestissement d’Israël depuis 2002. Les exigences varient d’un campus à l’autre. Certains étudiants demandent à ce qu’on ne fasse plus d’affaires avec les fabricants (américains) de matériels militaires qui fournissent des armes à Israël. D’autres refusent que leur université accepte des fonds israéliens en faveur de la recherche pour des projets susceptibles de profiter à l’action militaire du pays ou qu’elle ne confie plus ses fonds de dotation à des gestionnaires de fonds qui profitent des entreprises ou des sous-traitants israéliens. 


Il ne s’agit en rien de quelque chose de nouveaux. En 1967, Bob Feldman, activiste, a prétendu avoir découvert dans la bibliothèque de droit de de Columbia des documents démontrant l’affiliation de l’université à l’Institute for Défense Analyses (IDA), un groupe de réflexion et de recherche sur les armes et affilié au Département de la Défense. Cette découverte fut à l’origine de la mobilisation des étudiants de Columbia contre la Guerre du Vietnam, d’avril 1967 à avril 1968, et de l’occupation d’une partie des locaux. Leur but était de dénoncer cette association. La mobilisation pro-palestinienne est un remake de ce premier mouvement. 


De l’argent vient le pouvoir, et on peut dès lors comprendre pourquoi les militants pro-palestiniens fassent pression par principe sur leurs universités, même si les fonds des universités sont souvent gérés par des firmes externes3. En revanche, on ne comprend pas la revendication visant à couper toute relation avec d’autres universités israélienne, dont les étudiants se mobilisent aussi contre la politique de Netanyahu et tentent de défendre de nouvelles perspectives de paix. Pourquoi refuser l’aide de personnes qui s’avèreraient être des alliés, sauf bien sûr à vouloir intentionnellement et délibérément chercher à réduire à néant tout processus pacifiste, à évacuer la solution dites « à deux États », conformément à l’idéologie du Hamas.  


Si tel est bien la cas, on comprend mieux les insultes et les violences antisémites  à l’oeuvre sur les campus, qui affectent les étudiants identifiés comme étant de confession israélite ou ceux qui ont suivi leur formation dans des universités israéliennes et considérés dès lors comme des « agents de l’étranger », l’Ennemi. A Columbia ou à Science Po Paris, l’entrée à l’université leur a été interdite et il leur a été interdit de s’exprimer, parfois sous menaces de mort - alors que certains n’avaient jamais quitté New-York ! Il ne s’agit pas d’une simple posture mais d’un positionnement idéologique visant à interdire à l’autre d’exister parce qu’Autre. Cette attitude discriminatoire évoque qui plus est les lois anti-juives mises en place par les Nazis. 


Les mouvements universitaires pro-palestiniens n’ont pas surgi  en réaction à la réplique de l’armée israélienne après les massacres et les rafles terroristes perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023. Les explosions de joies sur les campus des plus grandes universités américaines d’Harvard, Columbia ou Stanford, n’avaient rien de spontané. Elles témoignent au contraire l’existence sinon de mouvements du moins de groupes structurés, parfois sous l’autorité ou l’influence d’un professeur. Les slogans anti-Israël et antisémites entendus sur les campus le 7 octobre, soit bien avant la contre-offensive de Tashal qui sert de justification désormais, reprennent quasi mot pour mot la propagande dont le Hamas s’est servi pour justifier ses massacres à l’encontre de civils désarmés. A cet égard, cette mobilisation pro-palestinienne s’inscrit dans l’idéologie antisioniste développée dès les années 1940 par le grand mufti de Jérusalem Mohammed Amin al-Husseini (soutien d’Hitler et de sa politique antisémite). Elle n’en est qu’un prolongement. 


En fait, l’antisionisme et l’antisémitisme n’ont cessé de se développer dans les universités américaines depuis 2013, au prolongement du mouvement  Black Lives Matter et à l’écho de l’idéologie de la cancel culture4. Il s’agit d’un renversement. Jusqu’alors, les associations  et personnalités de confession israélite avaient soutenu la lutte contre la ségrégation et la discrimination des Afro-américains - et avaient été un soutien très important au moment de la lutte des droits civiques. Cette histoire partagée est réfutée, bannie à partir du moment où la nouvelle idéologie considère les Juifs américains non comme des victimes mais comme des dominants, « des blancs » et les répudient. Toute l’histoire commune et partagée est dès lors annulée, bannie, répudiée, dans la foulée du mouvement Black Lives Matter, mais en réalité moins par les Afro-américains que par les étudiants blancs, soucieux de « noircir «  leur conscience ou désireux de renouer avec leurs racines antisémites. 


A l’inverse, comme les Palestiniens sont perçus comme des dominés, ce sont eux qui reçoivent désormais le soutien des étudiants, nouveaux hérauts et héros de leur cause. Les Israéliens sont accusés d’être les dominants, les bourreaux, et ce sans tenir compte de l’Histoire. Dans cette lecture très hollywoodienne, duale (et non duelle), binaire et simplificatrice pour être populaire, il n’y a que des gentils et des méchants et même si les gentils commettent des massacres ils ne peuvent être accusé d’être méchants puisqu’ils font partis des gentils - des dominés. En revanche, les méchants ont forcément tort puisqu’ils sont les méchants de l’Histoire - les dominants - et dans le happy end hollywoodien, les méchants perdent toujours à la fin, puisque, de toute façon, telle doit être la morale de l’histoire ( une revisitation de la « fin de l’histoire » hégélienne ? ) . 


Cette logique binaire ne cherche pas à établir des nuances. Il est d’ailleurs très symptomatique que les soutiens aux Palestiniens ne mentionnent jamais les opposants israéliens à la politique du gouvernement de Netanyahu. Ils sont un atout important à qui veut restaurer la paix de la région - à condition de vouloir la paix. Les étudiants pro-palestiniens la recherchent-ils seulement ? 


On retrouve d’ailleurs dans les propos des étudiants les mêmes éléments de langage que ceux mis en ligne par le Hamas dans des vidéos de propagande: les pogroms et massacres ne sont qu’une réplique à la politique de colonisation israélienne, pas seulement celle dans les territoires palestiniens, mais celle que constitue la création même de l’État d’Israël en 1948. La terminologie propre aux organisations de défense des Droits humains est détournée - renversée5. Les termes « d’apartheid » et de « génocide » ont également mis en avant  (en ligne) dès le 7 octobre. Le Hamas accuse Israël d’appliquer à l’encontre des Palestiniens la même politique que celle dont ils ont été victimes dès l’avènement du régime nazi en Allemagne6, mais il omet de rappeler que la charte du Hamas de 1987 prévoit l’éradication totale et absolue d’Israël et des Israéliens donc leur génocide, sans que cela ne semble affecter le moins du monde le ressenti des étudiants pro-palestiniens. Les massacres aveugles et barbares du 7 octobre manifestent d’ailleurs cette volonté génocidaire cosubstantielle au Hamas - les vidéos tournées par les terroristes  ont été mise en ligne par le Hamas à la manière d’un trailer, en particulier sur le réseau Instagram, sans aucune censure, au nom de la liberté d’expression. 


Un travail de fond via les réseaux dits sociaux, en particulier Tiktok, a aussi  été mis en place bien avant les massacres du 7 octobre. Il était destiné à « préparer » - à éduquer / formater / conditionner - les consciences pour éradiquer toute contestations, afin que les plus jeunes perçoivent - conçoivent dans la joie et avec bienveillance - les massacres comme « normaux » car « justes » «  de leur point de vue et à leurs propres yeux ». Cette stratégie de désinformation ne concerne pas que la question palestinienne. Vingt-cinq ans après les attentats du World Trade Center, de plus en plus de jeunes Américains se déclarent persuadés que ceux-ci étaient justifiés à en croire les révélations diffusés sur TikTok. Certains vont même jusqu’à glorifier Ben Laden. 


La lutte contre la guerre au Vietnam était un combat politique. Battre l’adversaire ne consistait pas à chercher à l’anéantir, à l’éradiquer en tant que personne physique. C’est ce qui advient quand l’antisionisme sert à dissimuler un antisémitisme. Or cette dérive est manifeste au sein des étudiants pro-palestiniens. Les anti-racistes de la cancel culture seraient-ils des racistes ? L’antisémitisme est en effet le racisme contre les Juifs. Et si le soutien de l’OLP aux terroristes d’extrême-gauches dans les années 1970 a contribué à renforcer la collusion entre anti-sionisme et antisémitisme, il ne saurait l’excuser. Il s’agit là d’un point de rupture important entre la lutte contre la guerre du Vietnam et les mouvements pro-palestiniens actuels. 


Les mobilisations contre la guerre du Vietnam ont eu un impact fort car elles ont contribué à renverser l'opinion publique américaine. Est-ce que tel va être le cas aujourd'hui concernant les mobilisations pro-Hamas ? Leur impact médiatique fut réel, mais on n'observe pas le même soutien de la presse à leur cause qu'au moment de la guerre du Vietnam. En plus, on a plus l'impression d'être dans une posture "contre" (typique des réseaux sociaux) et non dans un positionnement "pour". Le fait que l'Assemblée générale vote ce 10 mai 2024 à une écrasante majorité pour l’admission de l’État de Palestine à l’ONU et qu'elle rehausse son statut d’Observateur permanent n'a pas été salué par les étudiants pro-Hamas. Certes, le veto américain va l'empêcher, mais il s'agit d'une avancée majeure. De même, en critiquant la politique de Joe Biden, favorable à la solution " à deux Etats", ils fragilisent sa ré-élection à la présidence des Etats-Unis. Or Donald Trump n'a rien à faire du sort des Palestiniens et est contre la création d'un État palestinien. De plus, il est très dangereux et très malhonnête de rendre tous les Israéliens, tous les juifs responsables et coupables de ce qui se passe à Gaza, car c'est empêcher ou ralentir la prise du pouvoir par une opposition constructive. Or celle-ci existe et il serait très important de l'entendre et de la reconnaître. Mais cela ni le Hamas ni les étudiants pro-palestiniens ne le veulent. Au contraire, les huées à l'encontre de la chanteuse qui participait au Concours de l'Eurovision pour Israël montrent bien la volonté d'essentialiser ce conflit, en faisant de chaque juif, de tout juif, de tous ceux qui ne sont pas pro-Hamas un ennemi à éradiquer. Cette essentialisation "du Juif" est au coeur de l'idéologie antisémite et génocidaire nazie, reprise par le Hamas. 


Il importe aujourd'hui de dépasser les clivages. La solution - si elle est encore jouable - passe par le rejet du Hamas par les populations palestiniennes et de Netanyahu et de tous les extrémistes colonialistes et religieux par les Israéliens. Le Hamas n'est pas et ne sera jamais une solution ni à court terme, ni à moyen terme ni à long terme car tout son idéologie - son identité - est fondée sur la haine de l'autre et sa volonté - son dessein - est de l'anéantir. Il en va du Hamas comme des Hutus au moment du génocide Rwandais, il y a 30 ans. On retrouve les mêmes éléments de langage, la même propagande aujourd'hui sur TikTok que ceux déversés hier par Radio-Mille Collines. A cet égard, tous ceux qui défendent ou apportent leur soutien au Hamas devrait être poursuivis pour "crime contre l'humanité". 


Mais en même temps et parallèlement, il importe aussi que les citoyens israéliens s'expriment et que la démocratie s'exerce: tant que Benyamin Netanyahu et ses alliés resteront au pouvoir, il n'y aura aucune solution ni à court, moyen et long terme. Soutenir sa politique de destruction du Hamas (légitime)  par celle de la bande de Gaza (problématique) est "un crime contre l'humanité"7. D'une certaine manière Netanyahu et consorts en essentialisant les Palestiniens au Hamas confondent "causes" et "conséquences". Et a dire vrai, il ne font que reprendre le point de vue du Hamas pour qui les civils palestiniens ne sont que ses sujets et plus encore des objets sans intérêts à leurs yeux. Le Hamas se moque du peuple palestiniens, au contraire, le nombre croissant de morts civils le sert. Sa propagande les instrumentalise, à l'instar d'un certains nombre de militants pro-palestiniens qui dénoncent ces morts et ces massacres (réels) mais pour faire le jeu du Hamas. Cynisme du moralisme ambiant. 


Nul ne peut soutenir cette politique de déshumanisation développée par le Hamas et les extrémistes israéliens. Enfin, il importe aux Israéliens et à la communauté internationale de mettre un terme à la politique de colonisation des territoires palestiniens. La reconnaissance et le respect de l'Autre est la seule solution. Telle était l'esprit du vote onusien de 1947 validant la création de deux états. C'est parce qu'il n'a jamais été respecté par les Palestiniens d'abord puis par les Israéliens que les crises ne se sont jamais arrêtées. Plus que la recherche d'un compromis - conjoncturel - importe de restaurer un apaisement - structurel et durable. 


Il est impératif de faire émerger de nouvelles figures politiques, l'équivalent d'un Nelson Mandela côté palestinien et d'un Frederik De Klerk côté Israélien. Ces deux hommes de bonnes volontés avaient réussi l'inimaginable. Leur exemple montre qu'une solution israélo-palestinienne est possible.  




©Sylvain Desmille



NOTES


1 En France, les Comités Vietnam lycéens furent fondé dès septembre 1966, bien avant la grande manifestation de Washington d’octobre 1967, moment où les maoïstes entrent en scène en France.


2 Une posture et un positionnement qui évoque la fascination pétainiste et les partis et l’élite britanniques pro-Hitler et pro-nazie à la veille de la Seconde Guerre Mondiale.


3. Lire de Sylvain Larocque et Dominique Scali "Le désinvestissement propalestinien, une arme symbolique qui s’attaque à de vrais dollars" in Le Journal de Quebec du 11 mai 2024. 


4.  A ne pas confondre avec la woke culture - de même que la woke culture est l’exact contraire du wokisme. De même que « le wokisme », la cancel culture ou culture du bannissement , de l’annulation est à l’origine une création des conservateurs américains et plus précisément ceux proches de Donald Trump. Le concept fut répandu en France via Le Figaro et Valeurs actuelles pour mettre dans un même sac et sous une même appellation tout ceux qui luttaient contre représentations racistes, sexistes, misogynes, homophobes ou climato-septiques. Cette terminologie générale permettait ainsi à la droite de tenir des propos qui Le terme de Cancel culture est ensuite accaparé par les plus jeune suite qui reprennent et popularise la réplique d’un participant à une émission de télé-réalité de la chaine VH1 qui dit à sa copine « You’re canceled » ( « Je te bannis », ou plutôt « Je te répudie » autrement dit « Tu n’existes plus »). A partir de ce moment, la cancel culture exprime la volonté de protester en boycottant -  en niant - une personnalité, une période de l’histoire, ou de censurer un livre ou un pros. Il exprime une volonté d’ostraciser ce ou celui, celle que l’on refuse de prendre en considération, pour ce qu’il/elle est autant que pour ce qu’il/ elle représente, et ce de manière collective. Cette violence peut être symbolique (le déboulonnage des statues), médiatique (le lynchage en ligne via les réseaux dits sociaux),  psychologique (le but est d’humilier l’autre, de le harceler, de lui retirer toute humanité), économique (l’appel au boycott ou à la fin des partenariat comme avec des universités israélienne). Elle est arbitraire - on désigne une personne en lui interdisant de se défendre. Elle analyse l’histoire à l’aune du présent sans chercher à la contextualiser c’est-à-dire à en dégager un sens - le but est de faire table rase du passé. Elle se fonde non sur un regard objectif, rationnel, critique mais plutôt sur un ressenti, un mouvement d’humeur et des émotions. Elle exprime l’indignation d’un groupe de dominés, privés de parole, qui entend renverser le discours en en niant l’objet et le sujet, en les privant d’audience dans l’espace public, en les censurant, ou parfois en ré-écrivant l’histoire de manière délibérément et volontairement fausse, à la manière d’un conte ou d’un Donald Trump, des photographies retouchées sur ordre de Staline ou des mouvements complotistes contemporains - la fake news relève alors de la croyance, d’une volonté de convertir le monde à sa vérité, au nom de ses valeurs, de sa subjectivité. La cancel culture révélerait-elle de la pensée magique ? En tout cas, cette attitude est l’exacte inverse de la culture woke qui vise à confronter les regards en démultipliant les points de vue, en analysant l’histoire non seulement du point de vue des dominant mais aussi des dominés, afin d’établir une synthèse critique. 


5 Il s’agit d’une tactique typique des mouvements totalitaires. Le philologue Victor Klemperer l’a brillamment analysé dans son livre LTI : La langue du IIIe Reich, même si les Pro-palestiniens pourraient objecter ses « origines juives »…


6.   Ce n’est pas la première fois que l’allégation de génocide des Palestiniens par les Israéliens a été formulée, en fait dès 1948, puis de manière systématique souvent en relation à la politique coloniale de peuplement. En 2010, l’historien Martin Shaw fut l’un des premiers à considérer que la Nakba de 1948 était « une forme de génocide », quitte à refaire l’histoire. Ce furent les populations musulmanes de Palestine soutenus par les pays arabes qui attaquèrent les Israéliens en cherchant à les massacrer. A l’inverse, le départ des Palestiniens après leur défaite fut un dépeuplement et non un génocide. Lors du Massacre de Sabra et Chatilla, le 16 décembre 1982, l’accusation de génocide fut à nouveau lancée. Or le massacre fut le fait des milices chrétiennes du Liban, en réaction à l’assassinat du nouveau président chrétien du Liban certes alliées d’Israël, et non des des troupes israéliennes. Le résultat du vote sur la section D de la résolution 37/123de l’Assemblée générale des Nations Unies le déclarent comme « acte de génocide ». Le terme est réutilisé à partir de 2007, au moment du blocus de la bande de Gaza puis en 2014 lors de la Guerre de Gaza. En fait, il existe une confusion entre le génocide des Juif par les Nazis - la Shoah - et le concept inventé en 1944 par le juriste juif polonais Raphael Lemkin pour qui le génocide n’implique pas forcément des massacres de masse «  Plus souvent, [le génocide] fait référence à un plan coordonné visant à détruire les fondements essentiels de la vie des groupes nationaux, de sorte que ces groupes s'étiolent et meurent comme des plantes qui ont souffert d'un fléau. Ce but peut être atteint par la désintégration forcée des institutions politiques et sociales, de la culture du peuple, de sa langue, de ses sentiments nationaux et de sa religion. Elle peut être réalisée en supprimant toute base de sécurité personnelle, de liberté, de santé et de dignité. Lorsque ces moyens échouent, la mitrailleuse peut toujours être utilisée en dernier recours. Le génocide est dirigé contre un groupe national en tant qu'entité et l'attaque contre les individus n'est que secondaire par rapport à l'anéantissement du groupe national auquel ils appartiennent. ». A cet égard, il apparaît certains qu’Israël a violé plusieurs dispositions de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Le fait de déplacer les populations de force - même pour éviter de les tuer - ou les affamer est un crime contre l’humanité. Mais il apparaît aussi que l’accusation de génocide est une forme de manipulation politique, via l’amalgame et la confusion, visant à faire des anciennes victimes de la Shoah les nouveaux bourreaux, des anciens dominés les dominants contemporains et ce pour priver les israéliens de leur histoire. Gaza est-il l’équivalent du Ghetto de Varsovie ? Tsahal se comporte-t-elle comme les Hutus vis-à-vis des Tutsis ? On est alors dans une lecture propre à la cancel culture. 


7. Ce texte fut écrit avant les réquisitions de Peter Mertens, Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) à l'encontre des dirigeants du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif d'une part et du premier ministre israélien  Benjamin Netanyahu ainsi que du ministre de la Défense de son gouvernement  d'autre part. Alors bien sûr, Netanyahu refuse les décisions de la Cour de La Haye, qu'il accuse même d'antisémitisme ! Son but est de donner à croire que ces réquisitions ne le concernent pas en propre mais vise l'ensemble du peuple israélien - il s'identifie à Israël. Cela est faux. L'enquête menée par le Procureur le distingue et le vise personnellement. De plus, juste avant les massacres du 7 octobre son gouvernement était très contesté et la guerre lui a permis de repousser le verdict des urnes.  



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