Savigny sur Orge, Résidence Grand Val, Editions Raymon |
Découvrez "Grand-Ensemble", un documentaire poignant qui retrace l'histoire méconnue des Grands Ensembles en France. À travers le regard de Luis Arias et sa famille ce film entièrement composé d'archives explore la complexité et les richesses de ces cités, de leur construction à leur destruction.
Une plongée intime dans la mémoire collective de ces lieux emblématiques des Trente Glorieuses.
Plongez dans l'intimité des résidents et découvrez leurs joies, leurs peines, leurs espoirs et revivez les moments clés de cette évolution. Une œuvre humaniste et nuancée qui déconstruit les clichés et offre un regard neuf sur ces quartiers souvent stigmatisés.
La France en vrai, France 3 Paris-Ile-de-France
Construits à partir du milieu des années 1950 pour répondre à la crise du logement, les Grands Ensembles étaient à l'origine une promesse de mieux-être pour les plus pauvres. Symbole de l'Etat-Providence, et du meilleur de ce que la croissance d'après-guerre pouvait apporter à tous.
Mais très vite les Grands Ensembles ont été perçus comme des cités enfermées sur elles-mêmes, enclavées dans les périphéries urbaines. Relégués à la rubrique des faits divers, ils sont devenus dès les années 1970 le symbole d'un échec urbanistique et social. Signe de ce désamour, depuis le milieu des années 1980, la nouvelle politique de la ville prévoit leur destruction.
Ce film de 52 minutes et 100% archives retrace l'histoire des Grands-Ensembles à travers celle d'un
Grand-Ensemble emblématique, de sa construction à sa destruction, en proposant un regard différent, singulier et humaniste, grâce à une relecture des archives télévisées, de films amateurs, de photographies et surtout d'un formidable corpus de cartes postales.
Ici Normandie, France 3 Normandie
Construits à partir du milieu des années 1950 pour répondre à la crise du logement, les Grands Ensembles étaient à l’origine une promesse de mieux-être pour les plus pauvres, et marquaient une révolution architecturale et urbanistique. Ces constructions étaient le symbole de l’Etat-Providence, et du meilleur de ce que la croissance d’après-guerre pouvait apporter à tous.
Pourtant, la vision de ces Grands Ensembles a rapidement changé, finalement perçus comme des cités enfermées sur elles-mêmes. Dès les années 1970, les Grands Ensembles sont devenus le symbole d’un échec social et sociétal. Leurs constructions s'arrêtent à partir de 1973 et la nouvelle politique de la ville prévoit leur destruction depuis les années 1980.
Dans ce documentaire de 52 minutes produit à partir d'images d'archives, de cartes postales, de photographies amateures et d'archives télévisées, Sylvain Desmille retrace l'histoire méconnue de ces Grands-Ensembles Français, de leur construction à leur destruction, avec une vision humaniste, singulière de ces logements qui ont marqué une génération entière.
Ce documentaire sera disponible durant un mois sur la plateforme france.tv
Ici, France 3 Centre-Val de Loire
Intentions
Sarcelles, la Croix Blanche, la Grande Borne, La Courneuve, Courcouronnes, Venissieux, Vaux-en Velin, Montfermeil, Les Minguettes, les 4000… les noms de ces Grands ensembles résonnent dans la mémoire collective. Présents partout en France, ils regroupent encore aujourd’hui l’équivalent de la population cumulées des dix plus grandes villes de France.
Construits à partir du milieu des années 1950 pour lutter contre « la lèpre pavillonnaire », l’insalubrité et répondre à la crise du logement symbolisée par les bidonvilles, les Grands Ensembles étaient à l’origine une promesse de mieux-être, au bénéfice des plus pauvres, symbole de l’action positive de l’Etat-Providence. Il s'agit d'une révolution architecturale et urbanistique majeure à l'échelle d'un pays dans son ensemble - la plus importante depuis les immeubles haussmanniens.
Mais très vite les Grands Ensembles ont été perçus comme des cités enfermées sur elles-mêmes, à la fois trop proches des villes et loin du monde. Dès 1962, les médias ont souvent contribué à propager une vision très négative et péjorative de la vie dans les Grands Ensembles, souvent à l'encontre des témoignages de leurs habitants qui se disent au contraire "très heureux" d'y vivre.
Derniers bastions d’une culture populaire et ouvrière en perdition, les Grands Ensembles sont devenus dès les années 1970, et plus encore après les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979, le symbole d’un échec social et sociétal. Symbole des Trente glorieuses, ils en révèlent alors le contre-champ. Leurs constructions s'arrêtent à partir de 1973, selon le voeux du Ministre Guichard, au profit des villes nouvelles.
Depuis le milieu des années 1980, afin de régler le problème, la nouvelle politique étatique de la ville prévoit leurs destructions. Celles-ci s’accélèrent et d’ici quelques années - ou décennies - il ne restera plus des 1500 Grands Ensembles que des cartes postales aux couleurs pastel. Qui sait ?
Pourtant, à chaque fois qu’une barre d’immeuble est détruite, les souvenirs qu’en ont les anciens résidents apparaissent beaucoup plus nuancés, empreints de nostalgie et d’une certaine joie de vivre, malgré les contraintes et la pauvreté, le mauvais entretien et la mauvaise réputation. Nombreux sont les anonymes, les invisibles à reconnaître avoir aussi été heureux dans ces cités et à en avoir apprécier l’esprit de corps et de solidarité et à s’y être enracinés. J'en ai retrouvé la trace et le visage sans les archives de l'INA et des films amateurs collectés grâce aux fonds régionaux.
En fait, retracer l’histoire des Grands Ensembles pour en éclairer leur complexité et leurs richesses impose d’entrer dans leur intimité, de plein pied sur le palier de leurs résidents. Ils nous donnent alors à voir le contre-champs des fameuses Trente Glorieuse, non pas rétrospectivement mais au moment même où elles s’imposaient. Et si les manuels vantent toujours les éblouissements des années de croissance continue et l’avènement d’une classe moyenne promue à une réelle promotion sociale le Grands Ensembles nous en rappellent aussi sa part d’ombre, la crise de l’identité ouvrière redevenue prolétaire après la crise économique des années 1970, le sentiment de déclassement et d’être laissé pour solde de tout compte encore plus insupportable parmi les population nouvellement immigrées. D’une certaine manière, leur histoire nous permet aussi de mieux comprendre la crise contemporaine de « la France périphérique et périurbaine» qui résonne comme un écho et un prolongement de celle des Grands Ensembles.
Écrit du point de vue de ceux qui vécurent dans ces Grands Ensembles, à la première personne et porté par l’histoire de Luis Arias et de sa famille ce film retrace l’histoire de Grand-Ensemble, de sa construction en 1959 à la destruction de ses tours en 1983, grâce à une relecture des archives télévisées, de films amateurs, et d’un formidable corpus de cartes postales collectée par Renaud Epstein.
Sylvain Desmille
Caen, La Grâce de Dieu, Editions Artaud Père et Fils |
Tours, Le Sanitas, Editions Combier |
Clichy-sous-Bois, Groupe Sévigné, Editions Combier |
Au collège puis au lycée, comme j’étais bon élève, mais avec la mauvaise réputation d’être suspect d’homosexualité, les profs plaçaient les (rares) élèves du Grand Ensemble à côté de moi. Ils étaient les seuls Français d’origine africaine (souvent très lointaine). Lorsqu’ils m’invitaient à venir chez eux, je n’osai pas le ire à ma mère, pour ne pas l’inquiéter, mais à la vérité, je ne comprenais pas sa défiance. Le Grand Ensemble était un endroit très convivial, dont je ne comprenais pas pourquoi les gens du centre ville (de ma ville de banlieue) lui attribuaient et lui conféraient cette réputation. En tout cas, les nouvelles tours et grands immeubles terrifiaient les quartiers pavillonnaires qui se recroquevillaient à leurs pieds. D’ailleurs, les populations des différents « quartiers » ne se croisaient que très rarement, presque uniquement que dans les supermarchés qui ont commencé à se démultiplier en bordure du Grand Ensemble et de la Zone industrielle. Cette dimension est importante. Les grands ensembles furent des logements collectifs construit comme s’il s’agissait de bureaux - d’où un problème d’identification. De plus, par souci d’efficacité et pour apporter du mieux être, les habitants des grands ensembles disposaient souvent de tout sur place (école, collège, lycée « professionnel » , équipements sportifs, grandes surfaces) ce qui n’a pas favoriser la circulation sociale (et ce qui a provoqué leur sentiment d’être cantonnés). Les habitants de Grands ensemble se rendaient venaient rarement faire leurs courses au Marché. Les politiques allaient les voir, alors que les habitants du centre ville allaient voir les politiques… D’où la défiance de uns à l’indifférence des autres. Et quand le maire a émis le projet de faire construire dans les années 1970 des grands immeubles comme « à la Défense » dans le centre ville lors des élections municipales, il fut battu par le candidat communiste qui, s’il aida à la réhabilitation de Grand Ensemble, se garda bien de l’étendre ou de le démultiplier.
Pour écrire ce film, je me suis replongé dans ces souvenirs en tentant d’analyser les impressions et de les mettre en perspective. Je les ai confrontées aux témoignages des habitants et aux études (très nombreuses et très diverses) consacrées à ce sujet. Puis je me suis rendu plusieurs jours dans deux Grands Ensembles, celui de Massy-Antony (la référence de mon enfance) en banlieue Sud et celui de la Cité des 4000 à la Courneuve, en banlieue Nord. Cela m’a permis de retrouver des impressions spécifiques, comme l’approche différente des valeurs d’échelle ou encore cette sensation de vertige quand on se trouve en bas et qu’on fixe le sommet des immeubles - qui explique pourquoi la plupart des gens lèvent rarement la tête, ce qui induit aussi une manière de voir ( et que l’on retrouve dans les cartes postales). Au bout de quelques heures et jours, plusieurs personnes sont venues me voir pour savoir ce que je faisais là - je n’appartenais pas à la cité. Leur inquiétude et suspicion se sont tout de suite envolées. L’atmosphère est devenu très conviviale, très loin des clichés (ce qui ne veut pas dire qu’il faut les nier). J’ai pu rencontrer des « Anciens ». J’avais adopté cette même approche pour mon film L’art du ring, consacré aux clubs de boxe amateur de banlieue - un milieu et un sport que je ne connaissais pas. Le documentaire avait séduit le monde de la boxe, y compris professionnel, qui s’y était « retrouvé » plus que dans les évocations des journalistes sportifs.
Tours, La Piscine des bords du Cher, Editions Valoire |
Montreuil, Ensemble E.Varlin Editions Raymon |
Ce travail de documentation sur le terrain m’a servi à mieux fixer le style d’écriture (en prenant soin de ne jamais faire « banlieue » de ne jamais tomber dans la caricature, même si dans une séquence je mettrai comment la focalisation sur « le parler banlieue » a contribué à la stigmatisation des populations des grands ensembles avant que ne les jeunes ne se l’approprie pour construire leur identité via la reconnaissance de leur différence - processus de déconstruction que j’ai appliqué moi-même dans « le milieu pédé »). De plus il est très important que l’écriture rende compte des contextes chronologiques: la sociologie des populations des cités a considérablement évolué entre 19501960 et les années 2000. D’où l’importance de concevoir le narrateur comme un témoin, afin qu’il conserve toujours une certaine distance critique et auto-critique tout en restant en immersion.
Parallèlement, j'ai lu les très nombreux ouvrages et articles théoriques ou historiques consacrés aux grands ensembles. Très intéressants en soi, ils mettaient cependant en avant une vision et une analyse très spécialisées, celles des architectes et des urbanistes d'une part, et des sociologies d'autre part. La voix des habitants des grands ensembles y étaient consignées, référencées, mais elle restait très peu audible ou tout du moins filtrée.
C'est pourquoi il était important et nécessaire de réaliser un travail d'anthropologie historique ( ma formation universitaire ). Les archives de l'INA et celles des fonds régionaux qui collectent et restaurent les films amateurs en ont constitué les sources. J'ai regardé et analysé des centaines - et même plus d'un millier - d'heures de films de famille, reportages, débats, documentaires consacrés aux grands ensembles - un sujet très bien traité par les journalistes et la télévision. Cette analyse m'a permis de recouper et de confirmer celles des architectes, sociologues et urbanistes et de mettre en évidence un processus dont Grand Ensemble rend compte dans sa narration. Elle m'a permis aussi me rendre compte du hiatus qui existait entre le propos journalistique - très critique et négatif vis-à-vis des grands ensembles - et le témoignage des habitants, beaucoup plus nuancé et positif. Notons cependant le souci déontologique et éthique des journalistes qui donnent à entendre les deux sons de cloches et non leur seul point de vue. C'est aussi avec toutes les voix des habitants en tête que j'ai écrit ce film.
Capture Ecran Grand Ensemble, de Sylvain Desmille |
Capture Ecran Grand Ensemble, de Sylvain Desmille |
Capture Ecran Grand Ensemble, de Sylvain Desmille |
Capture Ecran Grand Ensemble, de Sylvain Desmille |
Capture Ecran Grand Ensemble, de Sylvain Desmille |
Le narrateur Luiz Arias n'est pas tant la synthèse que le représentant et l'incarnation de tous ces visages, de toutes ces paroles croisées dans les archives et au coeur des cités. En tant que personnage de fiction, il a sa vie propre, mais celle-ci se conjugue et se décline avec celles de tous ceux qui ont vécu dans un grand ensemble ou qui continue à y habiter. C'est la raison aussi pour laquelle j'ai tenu à introduire dans le récit des extraits d'archives. Les témoignages font corps avec l'histoire de Luis, assonances et écho. Personnellement, cette part de l'autre est très importante. Le personnage de Luiz est autant à l'écoute qu'à l'image des habitants des grands ensembles, exactement comme la cité même qu'il a contribué à construire et qu'il habite est commune à la grande majorité des grands ensembles réalisés en France au début des années 1960.
C'est aussi au nom de ce principe de réalité que j'ai tenu à ne pas faire du narrateur un stéréotype au regard de l'Image qu'on se fait des habitants des grands ensembles aujourd'hui. En tant qu'historien de formation, il était important de bien rendre compte du contexte de l'époque, in situ et en immersion, afin de montrer le processus et de donner à comprendre précisément toutes les transformations qui se sont opérées depuis les années 1960. C'est pourquoi Luis, magistralement interprété par Bruno Debrandt, avec tact et précision, n'a pas d'accent. Perdre son accent pour faire racine ici a été un enjeu pour les immigrés de sa génération ( et cela me rappelle une partie de ma famille d'origine italienne soucieuse de parler le mieux français possible dès qu'elle a pris la décision de faire sa vie en France ). Il était important aussi que Luiz soit un ouvrier intello - car la démocratisation de l'éducation a aussi concerné par ricochet les parents, jusqu'à un certain point certes et pas tous ni peut-être même la majorité, mais ce trait de caractère correspondait bien au personnage.
Ris-Orangis, Domaine de l'Aunette, Editions Combier |
Luis Arias collectionne aussi les cartes postales des grands ensembles. Celles-ci tiennent d'ailleurs une part importante dans votre documentaire...
Dans mes précédents films, j'ai toujours essayé de mettre en avant des sources d'archives méconnues ou inédites. A cet égard, la collection de cartes postales de Renaud Epstein a été un élément déterminant. On peut en trouver une sélection intelligemment commentée dans son livre On est bien arrivés, un tour de France des grands ensembles, collection « Le nouvel Attila », Éditions du Seuil, Paris 2022. Dans la forme, il s'agit de véritables documents et même d'un patrimoine historique en soi, à faire découvrir et à sauvegarder - et il faut remercier Renaud Epstein de s'y employer.
Ces cartes postales sont en effet uniques dans leur genre. Au début, produites à des fins de propagande par le Ministère de la Reconstruction, elles magnifient les grands ensembles et témoignent de leur importance architecturale. Elles montrent aussi combien toutes les régions et villes de France ont été marquées par cette révolution urbanistique, sans doute l'une des plus importantes et les plus unificatrice. Car le grand ensemble propage une architecture non seulement collective mais aussi commune à tous c'est-à-dire sans spécificités régionales. C'est un sacré changement ! Il explique d'ailleurs pourquoi ce modèle a été si vivement critiqué par les locaux. Il correspond bien à l'esprit des Trente Glorieuses et à la volonté unificatrice de l'Après Seconde Guerre mondiale. Ironie de l'histoire, la France gaulliste fut le seul des pays capitalistes occidentaux à avoir choisi massivement les barres et les tours caractéristiques de l'habitat socialiste khrouchtcevien. Et d'ailleurs, l'esthétique des premières cartes postales rappelle un peu celle du Bloc de l'Est.
Canteleu, La Cité Verte, Editions Sofer |
Sotteville La Zone Verte, Editions Estel |
Tours, Le Sanitas Editions Artaud Père & Fils |
Tours, Les nouveaux quartiers de la Rive du Cher, Editions Greff. |
Ces cartes ont été aussi une source d'inspiration. Les textes rédigés au verso leur donnent vie. Editées en très grand nombre, elles servaient à envoyer de courts messages. Les nouveaux venus les envoyaient à leur famille pour montrer où ils habitaient. Les annotations et commentaires étaient très majoritairement très positifs - à contre-champ des discours médiatiques au mieux circonspects. Ces témoignages corroborent les archives des films amateurs. C'est pourquoi il m'a semblé important de les incorporer dans ce film.
J'accorde une place très importante aux archives. Je les mémorise, je les sélectionne et j'écris le film avec elles. Elles ne sont jamais de simples illustrations, mais plutôt des figures, des personnages, des témoignages, des documents à part entière. Je m'en suis rendu compte avec ce film au moment de la conformation. On travaille en général avec des archives en basse définition, et quand tout est validé on les remplace par les masters. Mais il arrive parfois que les images définitives ne correspondent pas vraiment à la qualité espérée... Une documentaliste m'a proposé de les changer. Mais pour moi, c'était inconcevable, car les archives ne sont pas interchangeables. Elles sont des personnages à part entière avec leur caractère propre. Encore heureux, grâce aux équipes de France Télévisions Lille nous avons pu restaurer la qualité voulue. Il en va de même avec la musique originale de Gérard Cohen-Tannugi. Image, texte, musique, tout se combine, fait corps.
Diriez-vous que l'évolution de la représentation des grands ensembles dont témoignent les cartes postales rend compte de leur histoire ?
Sans aucun doute. Dans les années 1950, la crise du logement est dramatique. Aux destructions de la guerre - surtout dans le Nord, en Bretagne et en Normandie - s'ajoute une crise endémique datant en fait de la Première guerre mondiale. Parce que les loyers ont été bloqués, les propriétaires n'ont jamais entretenu les appartements. L'insalubrité des logement fut un facteur très important de la propagation de la tuberculose. A cela s'ajoute la pression démographique exercée par l'exode rurale et le baby boom. Taudis et bidonvilles se multiplient.
Les gouvernements ont d'abord privilégié la reconstruction des infrastructures économiques - les usines et les routes. En 1953, le plan Courant prévoit certes la construction d'habitations à louer modéré - HLM - mais il faut attendre la loi du 31 décembre 1958 instaurant les ZUP - les Zones à Urbaniser en Priorité - pour que tout s'accélère.
Dans un premier temps, les grands ensembles accueillent des populations socialement très diversifiées, souvent issues de l'exode rural, mais aussi des familles très nombreuses et des jeunes ménages. Avoir un logement dans un grand ensemble est un espoir de promotion sociale. Et ce n'est pas un hasard si les pouvoir public en font un symbole de la modernité et et de la nouvelle classe moyenne - ce qu'on a appelé plus tard les Trente Glorieuses. Les grands ensembles sont un vecteur de la transformation des moeurs - en particulier de l'hygiène - et du noveau consumérisme de rigueur ( les supermarchés se développent avec les grands ensembles ).
Malakoff, Le supermarché, Editions Raymon |
Sainte Geneviève des Bois, Le Foyer des travailleurs, Editions Alfa |
Dans les années 1960, la France est encore et surtout populaire et ouvrière. A cet égard, la diversité sociale réelle au début des grands ensembles n'a pas produit de mixité. L'enclavement des grands ensembles est un problème pour les populations plus bourgeoises pour qui le confort prime sur l'effort que constitue le temps de transport quotidien. Assez vite, ces dernières préfèrent regagner les villes et privilégient l'entre-soi. Au même moment, les quartiers - les îlots comme on dit à Paris - réputés insalubres sont rasés pour construire des grands ensembles occupés par les populations qui fuient ceux des périphéries. A l'inverse, délogés de chez eux, les mal logés qui appartiennent aux classes populaires sont envoyés dans les ZUP de banlieues. C'est suite à ce mouvement, que les grands ensembles sont perçus comme des ghettos ouvriers - et d'ailleurs on y installe presque uniquement que des lycées professionnels, pas généraux. L'enclavement géographique est alors synonyme de grand renfermement social. Le premier Choc pétrolier de 1973, la crise puis la récession économique vont durement frapper les populations, contribué à leur paupérisation et à leur stigmatisation.
Saint Gratien, Les Raguenets, Editions Combier |
La crise économique fait écho aussi à la crise existentielle. Au début, les jeunes constituaient entre 50 et 70% de la population des grands ensembles. Mais vu leur nombre, quand les enfants commencent à grandir, les problèmes liés et propres à l'adolescence prennent des allures de crise sociale et sociétale. Le "problème jeune" (qui devient très vite le problèmes des jeunes) est souvent associé aux grands ensembles, mais parce que ceux-ci les concentrent, alors qu'il s'agit surtout et avant tout d'une crise hormonale. Il convient de noter cependant que les babyboomers des grands ensembles ne se sont pas révoltés comme les étudiants de 1968, issus de milieux et/ou de grands ensembles plus privilégiés. C'est plus à partir des années 1980 que les jeunes des ZUP revendiquent, pour dénoncer le racisme à l'encontre des jeunes issus de l'immigration et des quartiers populaires. En effet, on assiste à un double mouvement. D'une part avec le fin du Babyboom, les familles nombreuses de l'Après Guerre quittent les grands ensembles - les enfants grandissent et font leur vie. Elles sont remplacées par les familles issues de l'immigration, grâce au regroupement familial. Au même moment, la crise économique marque un coup d'arrêt à la promotion sociale possible pendant les Trente Glorieuse. Le rêve, l'espoir, l'ambition d'appartenir un jour à la classe moyenne s'éloigne. Le racisme accélère le processus de renfermement sur soi et de stigmatisation tout au long des années 1980. La crise devient générationnelle lorsque les anciens ouvriers désormais à la retraite doivent partager l'espace avec des jeunes issus des milieux populaires mais contraints au chômage...
A chaque fois l'Etat a cherché des solutions, mais le temps de les mettre en oeuvre, elles étaient toujours caduques. Il construit les grands ensembles pour résoudre la crise du logements, et il y parvient, jusqu'à ce qu'il se rend compte que ceux-ci accélèrent un apartheid social. Alors en 1973, il met fin aux ZUP et décide de construire des Villes nouvelles mais qui ne changent pas la question de fond à cause de la crise économique. Au XIXe siècle, l'adage voulait que "quand le bâtiment va, tout va". Au XXe siècle, les grands ensembles démontrent le contraire. " Quant la situation va, alors le logement va".
Tours Le Sanitas, Editions, Valoire |
Bruno Debrandt incarne la voix de Luis Arias |
Un film écrit, réalisé et monté par
Sylvain DESMILLE
Avec la voix de
Bruno DEBRANDT
Musique originale
Gerard COHEN-TANNUGI
Conseiller historique
Renaud EPSTEIN
Monteur son
Benjamin POILANE
Mixeur
Cédric MEGANCK
Étalonneur
David CHANTREAU
Opérateur synthés
Stéphane COENS
Recherches et Archives
Sylvain DESMILLE
Archives
INA
Ministère de l'Agriculture et la Pêche
Ministère de la Reconstruction
Ma famille et mon toit 1956, réalisation : Jean-Pierre Decourt avec José Arthur
© Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine
https://cdna.memoirefilmiquenouvelleaquitaine.fr
Collections : Fonds Claude Monnerie – Richard Madjarev – Géo Martin – Robert Deconchat – Asphodèle – ALSEA – Dominique Sarthoux
Archipop 2024 – Collections Daniel LADRIX, Roger MINET
Ciclic Centre-Val de Loire,
Paulette Niel, Lucien Chevallier, Jacques Nouhaud,Jean Chaudron, Jean-Yves Legouhy, Christian Cauchi, Collectif Yolande Thuet, Laurence Gondoin Maurice Huvelin, Claude Guillemain, Jean- Philippe Oudin, Jean-Jacques Fradet, Jean Riant, Roger Albert Couteau, François Ozzola,Georges Magny, Pierre Maugoussin
Cinéam
Collections Achacha, Blondiaux, Chauzeix, CHSMSO, Fiacre, Guyon, Haro, Lacoux, Lechevalier, Minssen
Prelinger.
Extrait de The Stairs, de Lutz Mommarts, 1967.
Archives Cartes postales
Fonds Combier, musée Nicéphore Niépce, Ville de Chalon-sur-Saône
SPADEM © Cession à titre gratuit par la société Draeger
Éditions Ouest-France – Éditions des Alpes – Éditions Artaud
Ateliers Le Goubey – Éditions Raymon – Valoire-Estel – Éditions Lapie
Tous droits réservés
Musiques additionnelles
Kevin MacLeod « Hustle » in Funkorama, 2014 et « Stringed Disco » in Disco UltraLounge, 2014. Creative Commons Attribution. Freemusicarchive.com
Moyens techniques
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Responsable technique
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REMERCIEMENTS
Société Draeger, Vincent Ameye – Éditions Ouest-France, Anne-Marie Cozanet –
Éditions Lapie, Claire Bechu-Benazet – Éditions des Alpes, Bruno Revel –
Éditions Artaud Frères, Nicolas Artaud – Ateliers Le Goubey, Monsieur Le Goubey –
Éditions Valoire-Estel, Christophe Leconte – Musée Nicéphore Niépce, Sylvain Besson – Éditions Raymon, Jean-Noël Duchateau
Cinémathèque Nouvelle-Aquitaine, Patrick Malefond
Archipop, François Raboteau et Aurélie Bonamy
Ciclic, Rémi Pailhou, Adèle Mabed, Aurélie Bardet et Joël Gehanin
Cineam, Nina Da Silva,
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Diana Velasco et Lola Primault
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Les travailleurs du passage Gustave Lepeu
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FRANCE 3 - Centre-Val de Loire
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Déléguée à la Communication
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du Centre National du Cinéma et de l’image animée
Et de la PROCIREP
ISAN 0000-0007-1991-0000-G-0000-0000-Q
© FOLAMOUR – décembre 2024
Lucé,La Cité du Vieux Puits Editions Valoire |
Caucriauville,, Le Bassin et les Tours, Editions Compagnie des arts photomécaniques |
Saint Michel Sur Orge, Les HLM Saint Michel, Editions Combier |
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