GAY PRIDE (S) PARIS 1990-2000 photographies et textes de Sylvain Desmille ©

 

Gay Pride © Sylvain Desmille


Gay Pride © Sylvain Desmille


Gay Pride © Sylvain Desmille



LIEN DE TELECHARGEMENT 

( FREE AND SAFE DOWNLOAD LINK)

VIA GOOGLE DRIVE ( SAFE PERMANENT LINK)

GAY PRIDE(S) PARIS PHOTOGRAPHIES BOOK © SYLVAIN DESMILLE GOOGLE DRIVE

VIA GROS FICHIER (SAFE TEMPORARY LINK)

GAY PRIDE(S) PARIS PHOTOGRAPHIES BOOK © SYLVAIN DESMILLE


Pour se rendre compte du chemin parcouru, et de la vitesse à laquelle s’est produite cette révolution, il suffit de comparer le film sorti en 2020 intitulé en français comme Ton nom en plein coeur (刻在你心底的名字, littéralement Ton nom gravé en plein coeur) du réalisateur Liu Kuang-hui qui décrit la situation des homosexuels à Taïwan à la fin des années 1980 ( diffusé par Netflix)  avec les séries « BL » (pour Boys Love) destinées aux jeunes asiatiques. Dans ces productions très nombreuses, thaïlandaises surtout mais aussi indonésiennes, philippines, coréennes, et même chinoises… l’homosexualité n’est plus « tolérée » ni « acceptée » mais elle est présentée comme naturelle et même promue comme la dimension amoureuse de référence (y compris par les filles), pas moins compliquée mais beaucoup moins hypocrite que les relations hétérosexuelles… Dans ces dramas (nouveau nom des soaps), ni la question de la "normalité" de l’homosexualité  ni celle de sa normalisation ne se posent en tant que telles. L'homosexualité n'est pas abordée comme une sexualité différente. En tout cas, elle n'est en rien différente des relations homosexuelles, sauf peut-être que les rapports entre gays sont fondés plus sur la confiance et l'honnêteté que ceux entre hétérosexuels. Selon la morale des ces histoires,  certes plutôt simpliste mais qui a le mérite d’être claire, peu importe le genre des amants, ce qui compte c’est la nature, l’intensité, la qualité de la relation amoureuse. Ce qui est difficile, c’est de dire et de prouver ses sentiments, et non d’avouer son homosexualité. En Asie, le consentement prime sur le jugement. L’universalisme sur le communautarisme. La culture sur la nature, la conviction sur la superstition et l’esprit des Lumières sur l’obscurantisme. A cet égard, les séries ne s’adressent pas uniquement à un public gay, mais bien à tout le monde. Et lors des projections publiques, il faut voir les milliers de jeunes filles applaudir et crier comme si elles assistaient au concert d’un groupe de K-pop lorsque les deux héros s’embrassent… Car à la différence de l’Occident qui préfère souvent mettre en avant l’homosexualité féminine surtout quand c’est le public hétérosexuel qui est visé, en Asie, c’est presque essentiellement l’homosexualité masculine qui est mise en avant (les lesbiennes jalouses vont encore crier au sexisme…). 


Le succès de ces BL dramas, du moins auprès de la jeunesse asiatique, témoigne de l’évolution très rapide des mentalités vis-à-vis de l’homosexualité (pas forcément des gays, c’est le paradoxe)... La série Until we meet again met en parallèle deux époques: dans les années 1990, les héros se suicident quand leur famille apprend qu'ils sont amants, vingt ans plus tard, réincarnés, ils se marient avec l'approbation de tous. Sans doute, l'Asie a-t-elle bénéficié des luttes et évolutions antérieures, mais je pense qu'il s'agit plus d'un changement de mentalité profond, porté par une population majoritairement jeune. Et même si ces séries sont par certains aspects assez nunuches dans la forme (leur écriture est proche de celle des mangas) et naïves dans le fond, idéales et idylliques, même si elles mettent en scène des comportements que les Occidentaux considèreront immatures (mais en même temps, leur égocentrisme ne leur permet pas de comprendre ce qu'est intimement l'Asie), elles ont le mérite d'aborder l'homosexualité avec cette simplicité que j'ai toujours pour ma part attendue, jamais comme s'il existait "une question homosexuelle" ou comme si l'homosexualité était un "problème" ou pouvait poser "problème" comme c'est le cas dans les productions européennes ou américaines. 


En effet, si la révolution sexuelle débuta en Occident, et servit de laboratoire puis d’exemple au reste des monde, dont l’Asie à partir des années 2000, elle fut aussi plus la laborieuse. Les lois ont été promulguées souvent plus vite (même si ce ne fut jamais assez rapide)  que leur acceptation par la majorité de l’opinion publique, y compris (voire surtout) chez les jeunes, comme en témoignent les réactions vis-à-vis du mariage gay. Les homosexuels ont été eux aussi victimes du « patriarcat » dénoncé par les féministes (c’est aussi cela qui les a unis dans les luttes des années 1970). Le fait que les médias mettaient toujours en avant les drag queens dans les sujets consacrés aux gay pride montre bien la prégnance d’un certain état d’esprit  dans l’opinion publique. Car le travelo, la drag-queen sont certes des figures de liberté et de défi contre l’ordo reum patriarcal (du point de vue des gays) mais ils répondent aussi au diktat traditionaliste que se font les « hétéros » des « homos » forcément dissemblables, « a-normaux », c’est-à-dire non-virils, et donc (?) féminins (sic). Certaines femmes ont également contribué à la cristallisation de ce cliché, en accueillant avec bienveillance ces homos, forcément efféminés, qui ne représentaient pas de danger ni social ni sexuel  à leurs yeux, au prétexte qu’ils auraient été dé-virilisés - émasculés (mais à condition que « ces garçons » qui n’ étaientt pas pour elles « des vrais hommes » ne deviennent pas des concurrents sexuels, faut pas exagéré non plus). Là encore, l’Asie est aller plus loin dans l’affranchissement de tous ces modèles. Les groupes de K-pop mettent en scène des garçons libérés de tous ces carcans et stéréotypes anciens (remplacés par des nouveaux ?). Les sociétés asiatiques seraient-elles le nouveau modèle d’une homosexualité dédramatisée et accomplie. Nouvel Eden et nouvel Âge d’or ? 


Gay Pride © Sylvain Desmille


En fait, comme en Occident, les progrès vis-à-vis de l’homosexualité ont été un moyen pour les gouvernements d’apparaître progressistes dans le domaine sociétal pour ne plus avoir à l’être dans le domaine social. En France, la gauche gouvernementale a mis avant la question des droits des minorités sexuelles alors qu’elle conduisait une politique néo-libérale remettant en cause les acquis sociaux. La libération des moeurs qu’elle a promu est allée de pair avec la dérégulation économique, financière et sociale. Aux Etats-Unis, la présidence Obama a permis de grandes avancées pour les droits des gays, alors que les grandes espérances des Afro- Américains ont toujours été reportés « aux beaux lendemains » (Espérons que Joe Biden va accomplir de vrais changements). En Asie, le changement d’image et a promotion de l’homosexualité dans les médias, la révolution des moeurs, progressistes, ne s’inscrit pas dans une révolution démocratique générale, ni en Thaïlande, ni en Chine loin de là.


Les gays ont su profiter de cette situation pour réduire les discriminations et les ségrégations dont ils étaient victimes. Et c’est tant mieux. Leur stratégie a eu un effet d’entraînement puis d’accélération capitale. Sans doute que sans elle, les progrès n’auraient pas été aussi rapides. Mais les gays ont aussi montré que toutes les malédictions promises, les apocalypses décrétées par les opposants aux lois d’égalité - cette opinion publique qui se concevait comme un réseau social (mais qui n’avait rien de social) - n’étaient que des fantasmes, des « fausses mauvaises nouvelles ». Dieu n’avait pas mis son doigt là « où ça fait mal, bien au contraire ». Le monde d’après était sinon meilleure en tout cas plus juste que celui d’avant. Les lois des hommes avaient - enfin - rétabli l’équilibre, en permettant l’avènement d’une nouvelle éthique de l’équité. Mais bon, j’imagine que les anciennes morales ont le fossile dur. Elles n’ont pas peur de changer leur fusil d’épaule si cela leur permet de tirer à bout portant. J’imagine que comme leur malveillance était trop visible, elles vont jouer la carte de l’hypocrisie. Après tout, qu’importe la stratégie, si elle leur permet de régenter et de contrôler les moeurs. 


Les photographies présentées ici ont été prises lors des gay prises parisiennes, au cours des années 1990-2000. J’espère que nombreux y retrouveront un peu de l’état d’esprit, joyeux et bon enfant, qui y régnait alors. Gentiment provocateur pour satisfaire les attentes.  Convivial et ouvert d’esprit… À l’époque, en effet, les lesbiennes françaises n’exprimaient pas leur volonté de soumettre voire d’éradiquer le genre masculin et les gays en particuliers, ces hommes qui en plus  préfèrent les hommes, véritable double antithétique comme le bloc occidental et le bloc soviétique pendant la Guerre froide. Elles le pensaient peut-être mais elle n’osaient pas encore le proclamer ouvertement, comme le fait aujourd’hui  Alice Coffin, ancienne professeur de journalisme à l’Institut Catholique de Paris (on comprend mieux la communication de la Manif pour tous), élue écologiste conseillère à la Marie de Paris et membre du Conseil d’administration du Théâtre du Châtelet. Mais si elle a au moins l’honnêteté de dire qu’elle veut à terme l’élimination - physique ? - des hommes (d’autres idéologues avaient eu cette même « honnêteté »), beaucoup plus révélateur fut pour moi le silence des autres lesbiennes et féministes , du parti Europe Ecologie les Verts aussi, qui n’ont pas critiqué ni remis en causes - pour la bonne cause ? - ses positions extrémistes. A voir ce qu’il en sera dans les prochaines Gay Pride ( celle de 2020 ayant été annulée pout cause de Covid).


Dans les années 1990, les Marches des fiertés ont commencé à rassembler de plus en plus de monde, au point de devenir un étalon de la tolérance au niveau national et mondial. Déjà à l’époque je n’aimais pas trop ces mots de « tolérance" - je n’avais aucune envie d’être toléré, mais d’être tout simplement - et encore moins ce sentiment de condescendance (de supériorité bien placée)  contenue dans le mot de » bienveillance ». Je me suis rendu à ma première Gay Pride après avoir été victime de violences homophobes (j’ai retrouvé deux photos de mon passage à tabac). Après cela, je n’avais aucune envie de bienveillance. Je voulais de la justice, quitte à ce qu’elle s’exprime par la vengeance, mais bon, j’étais jeune et ce que j’estimais devoir être ma résurrection devait forcément passer par la mise à mort, ma mise à mort qui sait. J’ai évoqué tout cela dans mon film Pédale.


Gay Pride © Sylvain Desmille



Cette première Gay Pride, ma première Gay Pride, m’a apaisée.  Les corps à corps m’ont apporté de la force, leurs forces (pas comme dans un concert ni en discothèque), de l’entrain et un certain apaisement. Pas une quiétude mais moins d’inquiétude. Pas de réconfort, mais quelque chose de plus intense, un peu comme lorsqu’on arrive sur la ligne de crête, avec la certitude de la chute si on fait un pas de plus, et qu’on reste là pied joint - mais en sautillant derrière un camion qui balançait du son. En effet, très différentes des « parades » américaine, les gay pride françaises ont toujours entremêlées la foule et les spectateurs, et j’aimais cette conjonction en pointillés de « et, et, et… ».  Ces photographies sont les témoignages de cette connivence. Elles en sont aussi le carnet de notes, de bord et de voyage des Gay Pride. Les drag-queens, reines des années 1990, y figurent en bonne place.  A l’époque, c’était pour moi l’une des rares occasion de plonger dans leur regard. Je les croisais en boîtes de nuit, mais comme j’enlevais mes lunettes pour danser sur les podiums du Queen, elles restaient pour moi plus comme des apparitions en fou artistiques qu’en valeur absolue. Au moins dans les Gay Pride je pouvais les voir les yeux dans les yeux, sans jamais être déçu. Leurs parures étaient rarement un masque. Elles sont moins nombreuses dans les dernières Gay Pride auxquelles j’ai participé. L’esprit du temps est plus au conformisme, à la normalisation. Les gays est devenu comme tout le monde. Sa différence ne doit plus être une différenciation. Cela reste encore souvent une posture, cela manque de naturel, de simplicité et de sincérité. Mais bon, pourquoi pas…  après tout, l’accomplissement de tout mouvement social est sa disparition. 


Nota Bene: ces photographies devaient figurer dans l’ouvrage en préparation sur le Paris des années 1990, mais elles étaient trop nombreuses, c’est pourquoi j’ai préféré les présenter à part. J’y adjoint des photos de la première Technoparade de 1998, plus « clubbers  / ravers» que « teufeurs », plus « happy hippy » que « punks » et où les gays étaient encore « tolérés ».

      Sylvain Desmille


***


Gay Pride © Sylvain Desmille


Lorsque je relis ces photos, je suis étonné de voir combien les personnes fixent l’objectif, non pour s’y mirer à la manière d’un miroir. Dans les années 1990-2000, les portraits sont encore une affaire de regards, de face-à-face et de face à l’autre. Le but n’est pas de se donner à prendre en tant qu’image mais bien de dialoguer, de correspondre, d’établir un lien. On prenait une photo et on se laissait prendre en photo. L’image était un bien rare et un instant rare. Une grande et une belle occasion. Une envie et un désir. Tout passait par les yeux. Je crois que j’ai arrêté de faire des portraits depuis l’avènement du smart-phone, et l’ère du selfie - de l’autoportrait conçu comme un ego portrait. Depuis que celui qui photographie est devenu son propre faire image, la nature du regard a changé. Plus besoin de l’autre pour s’auto-exister. Le selfie est devenu le symbole de l’individualité - de sa solitude - un bien et un produit de consommation comme un autre, qu’il est en plus utile voire indispensable de « poster » et de démultiplier pour se sentir exister. Chacun s’y retrouve figé dans sa posture comme s’il venait de contempler Méduse. C’est peut-être aussi la raison pour laquelle les jeunes ont refusé de porter le masque pendant l’épidémie de la Covid-19. Ils se sont rendis compte de ce que donnaient à voir leurs yeux. Comme ceux des statues de marbre. En moins expressifs  mais plus stéréotypés souvent (il faut bien compenser).


***


Première Gay pride. Tout le monde se souvient de sa première Gay Pride, et parfois plus que de sa « première fois » (parfois, ça vaut mieux). Car se rendre à la Gay Pride est une prise de position, un choix délibéré, un acte de conscience et un exercice de sa volonté. Certes, dans les années 1990 il était de bon ton pour les jeunes d’aller à la Gay Pride, en signe d’ouverture d’esprit, de tolérance, de bonne conscience, ou plus sûrement par exotisme. Aller voir les pédés, c’est toujours mieux que de casser du pédé. Cool. La présence de ces héréros curieux a contribué au succès des Marches et accéléré d’autant leur déségrégation sociale et légale. Et puis, après le traumatisme de l’époque Sida, de voir tout ce monde faire corps dans la danse avait quelque chose de salutaire et d’émouvant. Le fait qu’il y ait de plus en plus d’hétéros a rassuré les jeunes gays qui pouvaient se rendre à la Gay Pride  sans plus avoir à trop redouter le qu’en dira-t-on au cas où on les y reconnaitrait dans les images diffusés par les télévisions. Mais, ça, c’est moins par hypocrisie que par sécurité. Car pour un gay, les Marches n’ont rien d’anodin. Il s’agit toujours d’une affirmation de soi. D’une re-connaissance de soi. Et plus encore quand il décide de franchir le Rubicon - ou l’Achéron - que constitue le trottoir, ce Mur qui souvent parait infranchissable qui n’est en réalité qu’une Tour de Babel - un monde, le monde, son monde, mon monde. Il suffit d’un pas. Pour renverser le sablier. Faire la révolution. Se Libérer. Tout changer. S’assumer. Aux yeux de tous, ici, forcément sans grand danger. Mais après aux yeux du monde, au risque de se mettre en grand danger.  Il faudrait célébrer la participation à sa première Gay Pride comme s’il s’agissait d’un baptême, d’une première communion et d’une confirmation tout à la fois.


***


Gay Pride © Sylvain Desmille


Elle était pressente, chaque année, le maquillage un peu plus épais pour discuter les ravage des âges, mais toujours là, toujours flamboyante comme la bougie que l’on souffle. une année je ne l’ai pas retrouvée. je me suis dis que je l’avais ratée. alors l’année suivante, je suis arrivé plus tôt, au départ de la Gay Pride, au pied de la Tour Montparnasse. Mais elle n’était pas là. Plus là. Décédée. Je ne saisi rien d’elle. Rien. Nous nous croisions seulement une fois par an à la Gay Pride. Mais j’ai cherché tout de même à savoir ce qui lui était arrivé. Par recoupements. Les traitement contre le sida soignent, prolongent, mais ils ne sauvent pas. 


***


Gay Pride © Sylvain Desmille


Tiens, c’est Avram. On voit que des années ont passé. Voilà un an ou deux, je l’ai croisé dans la rue, enfin disons plutôt que je crois l’avoir reconnu. Il marchait sur le trottoir d’en face. Mais je n’ai pas traversé pour le saluer. En général, je n’aime pas trop revoir les personnes dont les corps de l’époque ne correspondent plus à ceux d’aujourd’hui, et en particuliers le mien. C’est certainement une manifestation d’orgueil, ou de pudeur, de discrétion. Mieux vaut éviter ces situations de malaise, de propos convenus, ou chacun contemple l’autre comme si c’était un chewing-gum collé à sa chaussure. Ces face-à-face m’évoquent la scène où l’éternel jeune  Dorian Gray contemple son portrait aux traits rongés. Il faut prendre conscience que la jeunesse n’est que le placenta jeté à la poubelle. Son cordon ombilical n’est qu’une cicatrice. Arrêtons de nous regarder le nombril.


***



Souvent les opposants aux Gay Pride avançaient comme argument que toute cette sexualité manifeste, débordante, enflammée, affirmée libérée, donnait un mauvais exemple à la jeunesse, alors qu’elle ne faisait que les renvier à leurs propres frustrations. Ils sous-entendaient que cette célébration de la luxure avait pour dessein de séduire les jeunes pour les détourner du droit chemin, « naturel » , de les convertir au vice (conformément au vieil argument rabattu par les religieux américains, selon lequel, comme les tarlouzes ne pouvaient procréer, elles devait forcément corrompre les jeunes, normalement constitués, purs, eux, s’ils voulaient de croître en nombre- propos homophobes entendus à chaque Manif pour tous…). Les bonnes âmes soupçonnaient même les Gay Pride de dégénérer en immense partouze (et rien que d’imaginer cette monstruosité diabolique, elles en ressentaient tout tout plein de divins frissons). Si cela n’avaient tenu qu’à elles, elles auraient interdit les Marches au moins de 18 ans et placé d’office en camps de vacances les mineurs de moins de quinze ans afin de les rééduquer comme il se doit - et puis, zut, à partir de quinze ans aussi, tous devraient subir une bonne thérapie de (re)conversion il suffira d’envoyer un peu plus de prêtres et de chefs scouts, de directeurs des écoles privée catholiques pour les encadrer… Il en allait de « l’avenir de la jeunesse ». 


Gay Pride © Sylvain Desmille


L’avenir de la jeunesse, c’est sa vieillesse ou pire la régurgitation complaisante de ce qui n'est que passé. L’avenir de la jeunesse, c’est ce qu’elle a été, et ne sera plus jamais. L'avenir de la jeunesse, ce sont ces vieux qui considèrent avec bienveillance les jeunes en s'assurant bien qu'ils payent leurs retraites afin qu'eux puissent s'éclater "comme des adolescents". D’ailleurs si la jeunesse rêve (à) son avenir, elle ne s’exprime jamais qu’au présent, et même moins qu’au présent, dans sa propre immédiateté. Elle est persuadée que tout ce qui est spontané est juste, par nature, autrement dit pour elle par essence et elle se sert de cette complaisance pour faire feu de tout bois. D’une manière assez débile, elle considère que l’histoire commence avec elle, et son inculture justifierait que tout ce qu’elle vit pour la première fois n’a jamais existé avant elle (cette attitude méprisable à force d’être pitoyable fait écho aux leitmotiv des vieux qui, eux, affirment qu’ils sont à l’origine de tout, qu’ils ont tout vu, tout fait, que rien n’aurait pu exister sans eux). La jeunesse  se croit géniale alors qu’elle ne fait que réitérer des clichés, des lieux communs et stéréotypes éculés. Son narcissisme la fait se croire « belle » au prétexte qu’elle est jeune et elle est persuadée que les impératifs de ses propres désirs la rendent désirable. Le monde se résume à son monde et si elle prend plaisir à ne tolérer que l’entre soi c’est aussi pour faire en sorte que chacun la ramène toujours à sa propre image. L’autre n’est qu’un prétexte, un alibi. La loi de la jungle libérale et égoïste, fondée juste sur la satisfaction de ses désirs et l’échéance à très court terme de ses plaisirs régit son univers. Mais bon, on comprend mieux aussi pourquoi la jeunesse - l’adolescence -  est devenue la référence des société occidentale aujourd’hui. On se dit jeune jusqu’à 30, puis 35 et même 40 ans. Ensuite, il faut rester jeune car on n’est plus vraiment vieux jusqu’à 50 ans passé (mourir à 55 ans, c’est jeune dit-on). Puis on devient des jeunes vieux jusqu’à 70 ans (et ces retraités se comportent comme des ados égoïstes et irresponsables). Au final, ce n’est qu’après 75 ans que l’on devient vieux et mature pour de bon. C’est d’ailleurs à partir de cet âge que les hôpitaux français refusent de vous placer dans les services de réanimations, quand vous avez la Covid-19, et vous envoie dans un centre para-médical mourir en paix (et rapidement) au prétexte que ça ne sert plus vraiment à grand chose et que vous avez fait votre temps. 


Personnellement, étant jeune, je ne me suis perçu comme une figure d’avenir. Et j’aimais aussi me rendre à la Gay Pride parce que toutes les générations s’y retrouvaient, plus que dans le Marais, le quartier gay parisien. Il y avait quelque chose de rassurant à se dire qu’il y avait d’autres gays que soi et qu’en plus ils étaient tous différents. Surtout, on découvrait que notre homosexualité n’était pas un passage, « une mauvaise passe » disaient certains et que « ça passerait avec le temps ». Non, ça ne passait pas. C’était rassurant. Cela renforçait notre détermination. Les Gay Pride étaient à cet égard un passage de témoin, une sorte de transmission festive. Je contemplais les visages des vieilles folles, des sempiternel travelos comme un devin fouille dans les entrailles de la bête pour y lire l’avenir. Leurs rides, leur regard étaient mon avenir. Merci.


***


Je ne suis pas sûr que les Gay Pride, du moins en France, aient contribué à la promotion d’une culture gay. A sa visibilité oui. D'ailleurs, je ne sais pas non plus exactement à quoi correspondrait exactement une culture gay. Une sensibilité gay, oui, une littérature gay absolument, une représentation homo-érotique sans aucun doute. La culture gay regrouperait-elle les auteurs qui seraient homosexuels ? mais en quoi leur oeuvre serait-elle forcément gay au prétexte qu’ils aimeraient les mecs ? Ce serait admettre qu’il existerait une mathématique gay, une astrophysique gay ? Mais peut-être existent-elles ? Ce serait génial.


Gay Pride © Sylvain Desmille


En revanche, je me considère bien comme un être de culture, non que je serai anti-naturel « anti-physique » comme le prétendent les homophobes (mais bon, question sexe, les gays sont tout sauf anti-physiques), mais parce que je refuse le diktat de la nature, de sa normalité, qu’on voudrait m’imposer. Je suis un être de culture parce que j’aime être différent et je voudrais que chacun accepte cette différence avec indifférence. Après tout, la naturalité  hétérosexuelle m’indiffère. Pourquoi ne serait-ce pas réflexif ? Je veux rester un être de culture parce que c’est la culture qui constitue l’essence, l’ADN seconde, de l’humanité. Alors je sais, ce n’est pas très « tendance » au regard de l’idéologie actuelle qui oppose la culture à la nature au prétexte que la première serait responsable de la mise en péril de la seconde, qui elle-même menace l’humanité. Je veux rester un être de culture parce que je refuse la déséducation que sous-tend toute remise en cause de l’élite « cultivée », parce que je refuse la loi de la jungle, parce que je veux maintenir les liens de solidarités, parce que je refuse de confondre égoïsme et liberté, parce que je veux encore croire à la vertu du pacte, du dialogue,  du travail de la raison,  de la démonstration. Parce que je crois à l’enrichissement par la transmission de génération en génération, au respect des valeurs  d’ambition et de progrès, de faire au mieux pour faire mieux. Je lutterai pour rester un être de culture parce que je refuserai d’opposer la nature à la culture et tout simplement parque je me définis comme un être de culture par nature. 


Je me suis persuadé de tout cela lors de ma première Gay Pride. Elle se terminait Place de la Bastille par une minute de silence en l’honneur des victimes du SIDA. Tout le monde se prenait alors par la main. Ce n’était pas une communion de nature religieuse - quand on a accompagné l’agonie d’un malade on apprend que Dieu est tout sauf là, qu’il détourne les yeux, et que la maladie n’est pas une sanction divine mais une malédiction naturelle. Non, c’était juste l’expérience de l’humain. De ce que ce c’est qu’être à l’être humain. La minute se terminait par un coup de sifflet, et la house music faisait trembler les baffles. Dans les Gay Pride d’après 2000, les organisateur ont préféré faire la minute de silence pendant la marche, à une heure dite, le cortège s’arrêtait. Elle n’était plus vraiment respectée. Le SIDA contaminait toujours mais ne tuait plus aussi souvent. Les plus jeunes qui n’avaient pas connu l’époque où l’épidémie avait accompli son massacre ne sentaient plus concernés. Quand ils attrapaient le sida, ils prenaient des médocs et basta cosi. N’étant plus à leur actualité, le SIDA était devenu vintage. Et c’est tant mieux. En revanche, signe des nouveaux temps, depuis les attentats islamistes de 2015, les Gay Pride se déroulent dans un périmètre surveillé, contrôlé et encadré par la police. L’espace de liberté se déplie à la manière d’un préservatif, avec des barrières de chaque côté. On y marche pour y marcher, heureux comme dans une bulle de savon. Et si tout ne faisait que re-commencer ? 


Sylvain Desmille





LIENS BL DRAMAS YOUTUBE



2GETHER


STILL 2GETHER


เขามาเชงเม้งข้างๆหลุมผมครับ


THE OXYGEN


YOUR HOME


UNTIL WE MEET AGAIN


MAKE IT RIGHT


LOVE BY CHANCE


MY ENGINEER


KISS ME AGAIN


DARK BLUE KISS


อาตี๋ของผม




KISS ME AGAIN


#BOYSLOCKDOWN


LOVE MECHANICS


THE SHIPPER


SOTUS


















Commentaires